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Notre projet initial reposait sur l'idée qu'une lésion médullaire ancienne ne pouvait être traitée qu'à l'aide d'une matrice de croissance permettant la régénération neuronale.

L'association a donc soutenu le concept d'une matrice de croissance 3D synthétique appelée Neurogel™.

Ce biomatériau a été mis au point par le Dr Stéphane Woerly, chercheur français installé au Canada. Le besoin d'une matrice de croissance cellulaire est aujourd'hui largement reconnu dans la recherche sur les lésions médullaires.

2003 : Tentative de premier essai clinique

Après l'échec d'un essai clinique au Mexique fin 2002, l'association Neurogel en Marche a tenté d'en mener un en France en 2003 à la Pré Clinic du Mans, qui avait accepté de mettre gratuitement à disposition ses équipements techniques pour l'intervention chirurgicale de 3 ou 4 patients.

L'association a alors sollicité auprès du ministère de la Santé une autorisation exceptionnelle d'utilisation temporaire (AUT) pour Neurogel™ pour ces patients. À l'époque, nous disposions de quelques lots périssables de Neurogel™, préparés et testés au Canada. Malgré le soutien de 150 parlementaires, de l'APF (Association française des paralysés), de l'association ALARME (Association libre pour la recherche sur la moelle épinière), et une manifestation devant le ministère de la Santé, filmée par France 3…

Le ministère de la Santé a refusé d'accorder l'AUT à cet essai, anéantissant deux années de travail et d'investissement.

Réveil

Ce refus a plongé les membres de l'association dans un profond désarroi. Neurogel en Marche a alors pris conscience des exigences réglementaires et financières liées à la réalisation d'un essai clinique, ainsi que de ses lacunes :

- Elle maîtrisait mal la réglementation clinique.

- Elle avait peu de connaissances sur les lésions médullaires chroniques et le monde du handicap.

- Son organisation, sa communication et ses ressources étaient mal structurées.

- Elle ne communiquait avec aucun chercheur et se concentrait principalement sur le soutien au Neurogel™ développé par le Dr Woerly.

- Elle a également constaté qu'une étude préclinique utilisant le Neurogel™ sur une lésion médullaire ancienne chez le rat avait donné des résultats peu concluants.
 

L'association a pris conscience de ses limites en matière de connaissances scientifiques et a commencé à solliciter d’autres chercheurs. Elle a compris que le seul Neurogel™ ne suffirait pas à obtenir des résultats probants. Cette prise de conscience a été difficile à accepter. Il lui fallait désormais identifier les conditions nécessaires à une régénération optimale grâce au Neurogel™ et assumer pleinement la recherche ainsi que l’ensemble des projets précliniques.

Cette nouvelle réalité a généré des tensions internes, notamment avec son chercheur principal, entraînant des litiges et des conflits qui ont fait perdre deux années à l’association.

Malgré cela, l’association a tenu bon et a réussi à récupérer le brevet Neurogel™, mais elle s’est retrouvée isolée pour relancer un nouveau projet.

Renaissance

L'association n'avait d'autre choix que d'entreprendre un travail de fond et une restructuration :
- Création d'un conseil scientifique consultatif après avoir contacté et analysé les travaux de dizaines de chercheurs du monde entier

- Création d'un site web optimisé

- Apprentissage des réglementations cliniques, des coûts précliniques et cliniques, et de la rédaction de dossiers Levée de fonds

- Communication avec la presse et les institutions œuvrant pour les personnes en situation de handicap

- Lancement d'études de recherche préclinique et fondamentale (Université de Marseille, Université de Milan, University College London, Stempeutics Bangalore en Inde)

- Recrutement d'un expert-comptable

 

En 2009, l'association a réuni à Prague les acteurs clés de la recherche fondamentale, de la recherche appliquée et de la pratique clinique. Les fondements de notre projet clinique étaient enfin posés.

2010: Le nombre 3

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À partir de 2010, l'association a confié l'ensemble des travaux précliniques à l'équipe du professeur Alfredo Gorio à l'Université de Milan.

L'association avait déjà soutenu plusieurs publications et constaté que les neurones en régénération du système nerveux central produisent de l'érythropoïétine (communément appelée EPO) et possèdent des récepteurs à l'EPO.

Ce facteur clé de la régénération a orienté toutes les recherches de l'association.

Forte de son expérience, l'association a alors compris que trois conditions médicales majeures étaient nécessaires à la réalisation d'un essai clinique :

1. CHIRURGIE CURATIVE
 

Le neurochirurgien Antonio Reis, membre de notre conseil scientifique, a démontré que l'excision de la cicatrice de la lésion médullaire et son remplacement par une matrice de croissance cellulaire ne suffisent pas à la régénération.
 

Il est indispensable de restaurer l'ensemble du site lésionnel et son environnement : éliminer tous les kystes arachnoïdiens, la fibrose et les adhérences – parfois à plusieurs centimètres de la lésion – jusqu'à la libération complète de la moelle épinière et le rétablissement de la circulation normale du liquide céphalo-rachidien.
 

2. UNE MATRICE DE CROISSANCE CELLULAIRE SPÉCIFIQUE ET L'EPO
 

Pour obtenir la régénération neuronale, une matrice cellulaire tridimensionnelle et biocompatible est nécessaire. Cette matrice contient des cellules souches spécifiques exprimant des facteurs clés de la neurogenèse, des facteurs immunosuppresseurs et anti-inflammatoires, et est enrichie en EPO pour stimuler la régénération.
 

3. PHYSIOTHÉRAPIE INTENSIVE

Ce dernier point a été sérieusement envisagé par Neurogel en Marche dès 2009.

De nombreuses études récentes ont démontré que la stimulation intensive de la voie sous-lésionnelle était essentielle pour favoriser la régénération axonale, avec une mise en charge maximale.

Pendant deux ans, l'association a effectué des séjours de plusieurs mois dans différents centres privés spécialisés en Europe :

- Centre Giusti à Florence, Italie

- Centre Dikul à WrocÅ‚aw, Pologne

- Centre Akson à WrocÅ‚aw, Pologne

- Theramax à Alte, Portugal

- Fondation Step by Step à Barcelone, Espagne
 

Finalement, l'association a choisi la Fondation Step by Step et a tissé des liens étroits avec elle dans le cadre d'un projet clinique.

Nous avons ensuite prévu de réaliser l'intervention chirurgicale au Portugal avec le Dr Reis.
 

Neurogel en Marche a été reçue au Palais de l'Élysée en 2010 afin d'obtenir les financements nécessaires.

Elle est désormais reconnue comme association d'intérêt public, et l'Agence nationale de sécurité du médicament a reconnu la qualité du projet global développé par Neurogel en Marche.

2014: Une nouvelle matrice : la graisse activée

Après avoir identifié les facteurs clés nécessaires à la régénération, l'équipe du professeur Alfredo Gorio à l'Université de Milan a mis au point en 2014 une nouvelle matrice dérivée du tissu adipeux : la graisse activée. Celle-ci contient des cellules souches exprimant l'EPO et tous les facteurs essentiels à la neurogenèse.
 

L'équipe s'est attachée à concevoir une machine capable de générer de la graisse activée dans des conditions stériles spécifiques. Elle a également développé et envisagé d'autres traitements à base de graisse activée, notamment pour les lésions cutanées (escarres, brûlures, sclérodermie, etc.).
 

Les financements tardant à venir, nous avons entrepris de rechercher des collaborations externes afin de financer un projet clinique pour des applications cutanées. Des contacts ont été établis avec des laboratoires et des fabricants de dispositifs médicaux, mais les investisseurs industriels et pharmaceutiques sont restés réticents et ont préféré attendre.

En 2015, le Dr Antonio Reis a rédigé le protocole chirurgical d'un essai clinique prévu à Lisbonne, au Portugal. Nous espérions mener cet essai clinique en 2016.

2016: des ténèbres vers la lumière

L’année 2016 s’est avérée catastrophique et dévastatrice pour Neurogel en Marche.
 

Nous avons perdu notre neurochirurgien, le Dr Antonio Reis, ce qui a anéanti tout notre projet clinique. Le professeur Alfredo Gorio, souffrant de problèmes de hanche et nécessitant une intervention chirurgicale, était dévasté, ne voyant aucun avenir possible. Une longue collaboration s’est brutalement interrompue.
 

Nous avons également perdu notre chère Stéphanie Mauberret, notre secrétaire, qui a terriblement souffert d’un cancer.

Notre président, Jean-Luc Gay, le compagnon de Stéphanie, avait déjà démissionné plus d’un an auparavant après avoir tant fait pour l’association – merci, Jean-Luc.
 

À ce moment-là, la plupart des membres de longue date de l’association avaient perdu espoir.
 

Ces dernières années, Neurogel en Marche avait été critiquée pour avoir suscité des espoirs non concrétisés. Elle n’était pas parvenue à fédérer les personnes paralysées. L’idée de dissoudre l’association a été sérieusement envisagée.
 

Pourtant, dissoudre l'association aurait signifié que tout le travail de Stéphanie et de tous ceux qui nous ont quittés depuis 2002, s'étant tant investis, aurait été vain.

En pensée avec ceux que nous honorons ici :

Jacqueline Olanié
Francis Vincent
Anne-Marie Briotet
Stéphanie Mauberret
Murielle Veron
Antonio Reis
 

Notre regretté webmaster, Frédéric Jouan, décédé en avril 2020, peu après le début de notre essai clinique.
 

Il nous fallait poursuivre notre mission et honorer leur mémoire. L'association s'est alors lancée dans une recherche internationale pour trouver une équipe capable de mettre en œuvre notre protocole.
 

Et soudain, fin 2018, après quelques échanges avec le Centre international des lésions médullaires de l'hôpital Tongren de Kunming, une visioconférence et une réunion à Barcelone, l'espoir est apparu dans la ville du printemps éternel : nous sommes enfin sortis des ténèbres.

​2019-2022: Premier essai clinique sur l'homme

En 2019, nous avons atteint nos objectifs.
 

Six patients français et six patients chinois ont bénéficié d'un traitement contre les lésions de la moelle épinière utilisant une matrice de croissance cellulaire autologue dérivée du tissu adipeux, appelée graisse activée, associée à un traitement médicamenteux comprenant de l'érythropoïétine (EPO).

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